Me voilà de retour au Québec un an après mon séjour pour la fabrication des marionnettes avec Isabelle au mois de mai 2017. On avait alors passé 15 jours à dessiner, couper, sculpter, lisser de la mousse avec des ciseaux, des cutters, et beaucoup de patience. En novembre 2017, c’était au tour d’Isabelle de traverser l’Atlantique et nous avons alors passé 10 jours à répéter le spectacle qui a vu le jour le 24 novembre au festival BD BOUM à Blois. Depuis, ce n’est pas moins de 30 représentations qui ont déjà eu lieu en France… et me voici de retour à Montréal pour y jouer 17 représentations au sein du festival “Petits Bonheurs / le rendez-vous culturel des tout-petits”.

Ah, la Belle Province…. ! Quel plaisir de la retrouver régulièrement ! Quelle chance de venir représenter notre Grand Méchant Renard ici !

Je suis arrivée un dimanche, sous la pluie, en étant partie de Paris 7h plus tôt, sous la pluie.

Au mois de mai, c’en est enfin fini de la neige. Tous les Québecois sont heureux de retrouver la terre ferme et ont hâte de l’été qui arrive. Moi, je n’aurais pas été contre voir encore un peu de blanc ci et là, et les poussins non plus d’ailleurs… Après un voyage en soute (sauf pour le Renard qui a eu le privilège d’être avec moi en cabine), tout notre petit monde est arrivé en bon état.

Le mardi, première représentation à Blainville, à 50 km de Montréal. Valise dans le coffre, je roule à travers les nombreuses autoroutes du pays et hop, me voilà à destination. Jolie première représentation devant une bonne jauge de 150 personnes. Les enfants, et adultes, sont ravis. Je reprends la voiture sous un soleil splendide qui a fait reculer la pluie.

Après deux jours de repos (beau début d’une tournée !), j’enchaîne ensuite 9 représentations à l’Assomption, Sherbrooke, Théâtre Outremont dans Montréal…

À l’Assomption, une belle surprise croise ma route par le hasard : le conteur Fred Pellerin joue le même jour que moi, programmé par le même théâtre que moi. Une invitation m’est offerte et hop, juste après ma représentation de 19h, je ne démonte même pas mon spectacle et je file voir Fred à 20h. Ce conteur est tellement un emblème du Québec ! Drôle à en pleurer, touchant à en pleurer… il raconte son village, et transmet l’esprit québécois. En papotant un peu avec lui après, on a évoqué sérieusement l’idée qu’il vienne à Lailly un de ces jours pour jouer, au Café 2 peut-être ? à la Lisotte ? On verra…

Arrive ensuite une autre journée de repos, après laquelle je repars pour une dernière ligne droite de huit représentations dans les arrondissements d’Hochelaga-Maisonneuve et de Saint-Laurent, à la Tohu, et dans la très récente ville de Laval.

Je parcours les routes avec ma voiture, je rencontre les gens, je prends le pouls de cette province que j’aime tant. Au cours des discussions, je prends conscience à quel point les réseaux artistiques français et québécois n’en sont pas au même point. Deux “tables rondes” proposées lors du festival me font entendre le fonctionnement ici, et me nourrissent considérablement dans ma réflexion et ma comparaison avec la France. Vraiment intéressant.

Et puis, pour parler d’autre chose que de la profession, ce que j’aime chez les québécois, c’est tout un tas de règles de vie qui influent sur leur mentalité, et qui nous décalent de la nôtre, nous autres français de France.

Voici deux exemples parmi tant d’autres :

– Quand vous conduisez, vous arrivez à un carrefour où il y a quatre stop (enfin, “arrêt”… ici, ils n’utilisent pas le mot anglophone). C’est à celui qui est arrivé le premier de passer en premier. Cela oblige à être attentionné envers l’autre. C’est tout bête, mais une règle mouvante comme celle-là est plus agréable qu’une bête règle de priorité à droite figée. Elle incite à l’altruisme, et à prendre ses responsabilités, plutôt qu’à obéir bêtement.

– Quand on passe à une caisse de magasin, on est surpris par un “Bonjour ça va bien ?” de l’employé(e). Parfois même, un “tu vas bien ?”….. Tout français qu’on est, on pense alors que l’employé pense nous connaître et fait erreur, mais non. C’est simplement qu’ici, on se salue par cette formule plus personnelle qu’un simple “bonjour”. Et évidemment, cela va inciter à échanger, discuter… plutôt qu’à être renfermé sur soi-même par une formule laconique.

Pour finir, après deux dernières représentations à Laval, Isabelle et David me raccompagnent à l’aéroport. Cette fois-ci, ce sont les poussins qui voyagent en cabine avec moi ! Le Renard accepte d’aller en soute, à condition que les petits ne mangent pas de poulet au repas qui sera servi. Promis. Et effectivement, à la question “pâtes ou poulet”, j’ai bien répondu “pâtes” ! 🙂

Bilan :
– 13 jours de présence
– 17 représentations en 10 jours effectifs
– 1500 spectateurs, quasi autant de sourires
– 5500 km en avion
– 800 km en voiture
– 4 égarements dans la ville de Montréal à cause des travaux
– 6 poutines avalées (oups… mais le loup y est pour quelque chose !)
– 4 journées de pluie
– 9 de soleil

Bon, pour résumer, ça a été assez formidable je dois dire ! Merci à toutes les équipes qui m’ont accueillie sur place, avec toujours le sourire et la bonne humeur. Le public a été au top aussi, avec des retours d’enfants et de parents (ou grands-parents !) aux anges. Ça fait plaisir de faire plaisir !

Et si vous êtes de la belle province et que vous avez loupé le Grand Méchant Renard cette année, vous aurez peut-être une session de rattrapage pour le voir à nouveau sur le sol québécois d’ici 2 ans comme mon petit doigt me le laisse présager…

To be continued…

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